•     La Commission Européenne semble enfin être sortie de sa léthargie et a annoncé qu'il fallait maintenir l'aide humanitaire à la Corée du Nord afin d'éviter de faire souffrir encore plus la population. Pas d'opinion apparemment sur l'issue à donner à la crise.



        Quant à la résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies, sur laquelle la discussion devait reprendre aujourd'hui, elle ne semble pas être en bonne voie vers l'adoption. Le projet américain ne fait toujours pas l'unanimité et les divisions sont font toujours sentir entre Washington et Tokyo, partisans de sanctions sévères, et Pékin, qui soutient des sanctions « appropriées » -voilà bien un terme hermétique- ce qui semble indiqué que la Chine s'opposera notamment au recours à la force. Tout n'apparaît pas pourtant aussi manichéen. Car le président Bush a annoncé aujourd'hui que toutes les voies diplomatiques devront être épuisées avant de songer à faire appel à une action militaire. Les USA se découvriraient-ils une propension à la discussion ? Probablement pas, puisque M. Bush a réaffirmé qu'il refusait des pourparlers bilatéraux avec la Corée du Nord –de même qu'il refuse de tels pourparlers avec l'Iran qui a annoncé hier qu'elle poursuivrait son programme nucléaire-, ce à quoi le secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, encourage les USA. M. Bush croit toujours au retour à la table des pourparlers à six que la Corée du Nord boycotte depuis 2005.


        Le Japon de son côté, soutenant des sanctions sévères, a aujourd'hui pris des initiatives personnelles en interdisant purement et simplement l'accès à ses ports pour tous les navires nord-coréens, et en prévoyant un accroissement de tous les transferts, en matériel notamment vers le Nord de la péninsule.


        S'ajoute à ce méli-mélo diplomatique le fait que le succès, voire même l'existence du test nucléaire nord-coréen de lundi sont remis en cause par les experts qui estiment que s'il y a bien eu un essai nucléaire, l'intensité de l'explosion laisse penser qu'il a échoué. Certains ont même émis des doutes sur la nature nucléaire de l'explosion. S'apercevrait-on, trois après le prétendu test, qu'il s'agirait-là encore d'un grand jet de poudre aux yeux du monde ? Il était temps de s'en inquiéter... Surtout qu'il apparaît que certains commencent à céder à la panique et à la paranoïa : la chaîne japonaise NHK a annoncé ainsi qu'un second test nucléaire aurait été réalisé aujourd'hui par la Corée du Nord, sur la base de ce qui s'est révélé être une secousse sismique. Cette information a bien entendu été démentie.


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  •       Dans un communiqué du 10 septembre, l'agence de presse nord-coréenne KCNA publie un rapport sur le test nucléaire auquel la Corée du Nord a procédé le 9 octobre 2006, provoquant un tollé au sein de la société internationale. Le communiqué affirme ainsi que l'essai a été mené à son terme avec succès, dans de bonnes conditions de sécurité, pendant que le peuple fêtait l'avènement d'un grande puissance socialiste. Les scientifiques ont réaffirmé qu'aucune émission radioactive dangereuse n'a été constaté durant l'essai. KCNA rajoute que ce test a pu être réalisé avec uniquement « la sagesse locale » et la technologie. Il s'agit d'un évènement important dans l'Histoire du pays qui a vraiment encouragé et contenté le peuple qui a toujours souhaité que le pays se dote de sa propre capacité de défense. Le communiqué conclut enfin que ce tournant contribuera à défendre la paix et la stabilité sur la péninsule coréenne et aux alentours... contre les USA ?


             Qu'en est-il de la réponse que la communauté internationale donnera au comportement de l'Etat voyou ? Rappelons que l'ONU a appelé le 6 octobre la Corée du Nord à renoncer à cet essai. Les USA ont proposé un projet de résolution au Conseil de sécurité des Nations Unies, examiné depuis lundi, et proposant des sanctions à l'encontre de la Corée du Nord, qui pourrait intervenir avant la fin de la semaine selon certains diplomates. Les USA cherchent et attendent « une réponse rapide ».

             Une impression de déjà-vu ? Ne se croirait-on pas de retour au 4 juillet 2006 ? Tout laisse à penser que oui. L'ensemble de la société internationale s'accorde sur le fait de condamner l'essai nucléaire nord-coréen et d'y apporter une réponse ferme, mais elle se divise sur la question du contenu de la réponse. 


             Que contient le projet de résolution américain ? Comme le projet du mois de juillet, il propose des sanctions bien entendu, en particulier l'inspection de tous les navires entrant ou quittant les ports nord-coréens, le gel de tout transfert ou développement d'armes de destruction massive, etc. Le Japon soutient d'ores et déjà des amendements allant plus loin dans les sanctions, comme par exemple la fermeture pure et simple de tous les ports et aéroports aux navires et avions nord-coréens si ceux-ci étaient chargés de matériel en rapport avec des missiles nucléaires ou balistiques.


             Toutes les solutions sont envisagées, même l'intervention militaire, bien que le porte-parole du gouvernement japonais ait précisé qu'il ne s'agissait que d'une solution parmi tant d'autres, et qu'aucune possibilité n'était pour le moment écartée – le ministre des finances japonais a ajouté que le Japon pourrait envisager de renforcer les sanctions financières déjà prises depuis la fin du mois de septembre. C'est sur la question du recours à la force qui fait actuellement le plus débat, comme elle l'a été lors des pourparlers pour l'adoption de la résolution du 15 juillet dernier. Restant sur les mêmes positions, Pékin et Moscou demeurent prudents sur ce point.


             La Chine a ainsi précisé à la Corée du Nord que le test auquel elle s'est livrée lundi dernier menaçait leurs relations mais prône cependant une résolution diplomatique à la crise – devons-nous encore rappeler le bide de la délégation chinoise envoyée à Pyonyang en juillet ? – et a soutenu que « le temps n'est pas à la punition, et encore moins à l'action militaire ». Il faut discuter d'une vision à long terme, et en particulier du processus de dénucléarisation de la péninsule. Selon, le ministre chinois des affaires étrangères, le Conseil de sécurité ne considère pas pour le moment d'action militaire (A quel saint se vouer ? Japonais ou Chinois ?)


             Maintenant toujours une position consensuelle, la Russie a, à l'instar de la Chine, indiqué sa volonté d'une résolution diplomatique de la crise, à l'occasion d'une conférence avec le ministre russe des affaires étrangères et certains de ses homologues étrangers.


             Il ressortirait cependant de la réunion d'urgence du Conseil de Sécurité de l'ONU que l'ensemble des membres s'entendent sur la condamnation de l'essai nucléaire et l'apport d'une réponse ferme et claire.


             De son côté, la Corée du Nord s'est dite prête à abandonner son programme nucléaire... si les Etats-Unis prenaient des mesures en conséquence – un vœu qui semble bien pieux. Elle espère que la situation sera rapidement résolue, sans quoi elle pourrait malencontreusement tirer un missile nucléaire...


             On ne sait plus vraiment que penser de tout cela. Test nucléaire réussi, mais peut-on avoir des certitudes là-dessus ? Tir d'un missile nucléaire ? Les services de renseignements sud-coréens affirment qu'ils n'ont pour le moment pas remarqué d'activité pouvant faire penser à la préparation d'un tel tir (Ouf). De plus, pourra-t-on espérer que la société internationale sera enfin capable d'apporter une réponse appropriée à la crise – si une telle solution existe. Rappelons-nous que suite au tir de sept missiles balistiques le 4 juillet dernier, les membres du Conseil de sécurité s'étaient accordés pour une réponse ferme... pour finalement arriver à une résolution, qui après de nombreuses tractations, a été vidée de toute force. La situation actuelle au Conseil de sécurité prend la même tournure qu'en juillet. Attendons de voir si la communauté internationale saura enfin faire bloc devant la Corée du Nord.


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  •     La Corée du Nord a annoncé aujourd'hui qu'elle avait procédé lundi au test nucléaire annoncé le 3 octobre dernier (voir le billet Le salaire de la peur). Il s'agirait d'un test souterrain, ce qui confirmerait alors les soupçons des services secrets américains et sud-coréens qui avaient remarqué la construction de tunnels près du Mont Mumyeaong en Corée du Nord (voir le billet Inquiétantes activités ?). Ce test aurait ainsi eu lieu trois jours après la demande de l'ONU de renoncer à cet essai, réussi selon le gouvernement nord-coréen.


         Une réunion d'urgence s'est tenue au Conseil de sécurité de l'ONU, sous la présidence du Japon. Il en est ressorti une ferme condamnation de l'attitude nord-coréenne et l'ordre de ne plus procéder à d'autres tests. Un projet de résolution soutenu par les USA a été examiné cet après-midi, pour imposer des sanctions, en faisant notamment appel au Chapitre VII de la charte des Nations unies prévoyant le recours à la force -rappelons que ce même chapitre avait fait débat au mois de juillet 2006 lors de la discussion pour l'adoption de la résolution du 15 juillet. Sa référence avait été abandonné à la demande notamment de la Chine qui prônait une solution consensuelle.


        Il semble à présent que la Corée du Nord ait été abandonnée par tous ses alliés. La Chine (qui avait refusé la possibilité d'un recours à la force en juillet dernier) et la Russie ont, à l'instar de la société internationale, condamné fermement l'essai nucléaire et l'ont qualifié "d'inacceptable". Les USA, à l'origine du projet de résolution actuellement examiné par le Conseil de sécurité en ce moment, ont cependant fait savoir qu'ils ne fermaient pas la voie diplomatique.


        Il s'agira ici d'un premier grand test pour Ban Ki-Moon, chef de la diplomatie sud-coréenne et récemment appelé à devenir le prochain secrétaire général des Nations Unis, succédant à Kofi Annan qui quittera ses fonctions le 1er janvier 2007. M. Ban aura encore ici une occasion de démontrer ses compétences dans la volonté de concilier les différents puissances mondiales dans la crise nord-coréenne, ainsi qu'il l'a toujours fait en tant que chef de la diplomatie sud-coréenne. Dans une conférence de presse du 9 octobre, M. Ban a annoncé que la décision de nomination du Conseil de sécurité était un honneur pour lui. "Cela devrait être un moment de joie, mais à l'inverse, mon coeur est très lourd" affirma-t-il en faisant allusion à la transgression nord-coréenne.


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  •     PDRK.blogg.org risque de stagner pendant les prochains jours car je ne dispose plus pour le moment d'Internet. Merci de votre compréhension.

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  •    La Corée du Nord est entrée dans le jeu de la dissuasion nucléaire aujourd'hui. En effet, le pays le plus fermé du monde a laissé filtrer l'annonce de l'évènement que la communauté internationale a essayé d'éviter depuis 2003 : la Corée du Nord procèdera a un essai nucléaire, bien qu'aucune date n'ait encore été avancée. Cet essai aura pour but de renforcer les capacités défensives du pays, en particulier contre la politique agressive des Etats-Unis.


        Les derniers rapports des services secrets américains indiquaient depuis plusieurs semaines des activités "suspectes", en particulier la construction de tunnels pouvant servir à des essais nucléaires. Les soupçons semblent dès lors se confirmer, pour la plus grande crainte de la communauté internationale. En particulier, Washington et Tokyo ont qualifiée cette menace, prise très au sérieux, d'inacceptable, le Japon ayant même évoqué des représailles. La Corée du Sud s'est bien entendue inquiétée pour la paix dans la péninsule. Quant à la Russie, son attitude est restée plus consensuelle et s'est contentée d'appeler la Corée du Nord à la retenue. La France et la Grande-Bretagne ont jugé cette annonce très provocante et craignent des conséquences sévères.


        Les USA se sentent extrêmement visés par l'annonce, la Corée du Nord ne se lassant jamais de critiquer la politique américaine, les Etats-Unis ayant multiplié ces derniers temps les exercices militaires sur la péninsule coréenne. L'agence KCNA a d'ailleurs annoncé aujourd'hui que le gouvernement nord-coréen réclamait la rupture du traité de "Défense mutuelle" entre la Corée du Sud et les USA, un moyen pour ces derniers de contrôler l'ensemble des deux Corées.


       Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir très prochainement pour discuter de la question, laissant le temps aux représentants de prendre contact avec leur gouvernement. Faut-il prendre cette annonce au sérieux ? N'est-ce pas encore ici le moyen pour la Corée du Nord de rappeler son existence au monde ? Info ou intox ? Comme dit précedemment, aucune date n'a encore été avancée par le ministre des affaires étrangères nord-coréen peut-être pour laisser le temps à la communauté internationale de réfléchir sur l'attitude à adopter sur le chantage nucléaire que semble exercer la Corée du Nord. Ou peut-être ne cherche-t-elle qu'à gagner du temps.    


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