•     Trois semaines après l'essai nucléaire souterrain nord-coréen du 9 octobre 2006, on commencerait à voir les premières conséquences de la résolution du Conseil de sécurité. Après les réactions du zélé Japon, qui avait déjà largement anticipé sur les réponses à apporter au comportement de sa voisine, c'est au tour de la Corée du Sud qui s'est finalement décidée à adopter des mesures fermes contre l'attitude menaçante de la Corée du Nord : Séoul a notamment interdit l'entrée sur son territoire de responsables nord-coréens et prévoient le contrôle des transactions. Des mesures qui arrivent peu après des menaces proférées par le Nord, estimant que les sanctions de Séoul, qui se voit reprocher sa politique pro-américaine, seraient une "déclaration de confrontation". Le gouvernement sud-coréen, depuis le 14 octobre, date d'adoption de la résolution du Conseil de sécurité, s'était montré particulièrement prudent, par peur d'une dégradation encore plus profonde de ses relations avec Pyonyang. Retournement de politique pour Séoul qui avait toujours privilégié le dialogue plutôt que les sanctions ? On pourrait le penser puisqu'aujourd'hui, la politique d'ouverture pratiquée par le gouvernement actuel est de plus en plus critiquée. Et la démission du ministre de l'unification et du ministre de la défense, principaux artisans de cette politique pacifique, les 23 et 24 octobre dernier, ne sera pas là pour arranger les choses. La présidence a cependant fait savoir que la politique ne changerait pas en dépit d'un changement de ministres. Pas de changement d'orientation, mais on prend ses précautions tout-de-même : Séoul prépare un programme de défense contre une éventuelle attaque nucléaire nord-coréenne.

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  •     C'était presque écrit : la société internationale a une nouvelle fois montrée une grande inefficacité. Même si elle a réussi à se mettre d'accord samedi 14 octobre en faisant adopter à l'unanimité une nouvelle résolution sanctionnant l'essai nucléaire auquel à procédé la Corée du Nord lundi 9 octobre -dont l'existence aurait été confirmée par les experts américains ayant décelé dans des échantillons d'air prélevés au-dessus du lieu du test des traces de radioactivité.



        La résolution vise à un embargo sur les armes et les technologies nucléaires, avec notamment l'inspection des navires entrant et sortant de Corée du Nord. Le recours à la force a été exclu du projet américain, en particulier à la demande de la Chine. Mais alors ? Où se pose le problème ? L'Histoire nous a appris que l'adoption d'une résolution n'est qu'un coup d'épée dans l'eau si les volontés ne suivent pas. Or la Chine a d'ores et déjà fait savoir qu'elle ne participerait pas aux inspections des bateaux nord-coréens. Principal et peut-être dernier réel soutien du régime de Pyonyang, Pékin craint le déclenchement d'un nouveau conflit -parce que nous ne sommes peut-être pas encore en conflit... Les USA continuent cependant d'exhorter la Chine a être ferme et à se résoudre à prendre les sanctions prévues dans la résolution. Le secrétaire d'Etat américain, Condoleeza Rice, entame une tournée à travers différentes capitales pour discuter des suites de la crise.


              Le retour aux négociations n'est pas totalement utopique. En particulier, cette voie n'a pas été bannie par Pyonyang : le gouvernement nord-coréen avait proposé aux USA des pourparlers bilatéraux -proposition rejetée par M. Bush, malgré les recommandations du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan- et il a fait savoir à un diplomate russe qu'un retour à la table des négociations à six était encore possible.


        Comment la résolution a-t-elle été accueillie à Pyonyang ? Plutôt mal (pouvait-on le cacher plus longtemps ?), le gouvernement ayant dénoncé des "méthodes de gangsters" et rappelant que les USA sont aussi une puissance nucléaire représentant donc une menace.


        Tout le monde, l'Union européenne, la France, l'Australie, le Canada et autres -à part la Chine- semble se féliciter de l'adoption de cette résolution qui représenterait une réponse forte et unie... mais a-t-on de quoi être fier de ce nouveau texte qui risque fort de rester lettre morte comme la précédente, adoptée en juillet 2006 suite au tir de sept missiles balistiques. Cette résolution n'a pas eu les effets escomptés, à savoir, elle n'a pas empêché la Corée du Nord de procéder à un test nucléaire (Le pourrait-on pas encore douter de son succès ou de son existence ? Les USA n'auraient-ils pas confirmer tout cela pour justifier la riposte énergique qu'ils désirent ?), et Pyonyang n'est toujours pas revenu à la table de négociations multilatérales qu'elle boycotte depuis 2005. Effectivité : nulle, probablement à cause des divisions dont la communauté internationale a fait preuve au mois de juillet.


        Aujourd'hui, il est douteux que la nouvelle résolution soit efficace, en particulier si la Chine a déjà décidé de ne pas en appliquer une partie. Le Japon quant à lui fait du zèle. Tokyo avait en effet mis en oeuvre le 19 septembre dernier de nouvelles sanctions, en addition à celles déjà prise en juillet. Et le gouvernement japonais considère déjà de nouvelles mesures punitives.


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  •     La Commission Européenne semble enfin être sortie de sa léthargie et a annoncé qu'il fallait maintenir l'aide humanitaire à la Corée du Nord afin d'éviter de faire souffrir encore plus la population. Pas d'opinion apparemment sur l'issue à donner à la crise.



        Quant à la résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies, sur laquelle la discussion devait reprendre aujourd'hui, elle ne semble pas être en bonne voie vers l'adoption. Le projet américain ne fait toujours pas l'unanimité et les divisions sont font toujours sentir entre Washington et Tokyo, partisans de sanctions sévères, et Pékin, qui soutient des sanctions « appropriées » -voilà bien un terme hermétique- ce qui semble indiqué que la Chine s'opposera notamment au recours à la force. Tout n'apparaît pas pourtant aussi manichéen. Car le président Bush a annoncé aujourd'hui que toutes les voies diplomatiques devront être épuisées avant de songer à faire appel à une action militaire. Les USA se découvriraient-ils une propension à la discussion ? Probablement pas, puisque M. Bush a réaffirmé qu'il refusait des pourparlers bilatéraux avec la Corée du Nord –de même qu'il refuse de tels pourparlers avec l'Iran qui a annoncé hier qu'elle poursuivrait son programme nucléaire-, ce à quoi le secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, encourage les USA. M. Bush croit toujours au retour à la table des pourparlers à six que la Corée du Nord boycotte depuis 2005.


        Le Japon de son côté, soutenant des sanctions sévères, a aujourd'hui pris des initiatives personnelles en interdisant purement et simplement l'accès à ses ports pour tous les navires nord-coréens, et en prévoyant un accroissement de tous les transferts, en matériel notamment vers le Nord de la péninsule.


        S'ajoute à ce méli-mélo diplomatique le fait que le succès, voire même l'existence du test nucléaire nord-coréen de lundi sont remis en cause par les experts qui estiment que s'il y a bien eu un essai nucléaire, l'intensité de l'explosion laisse penser qu'il a échoué. Certains ont même émis des doutes sur la nature nucléaire de l'explosion. S'apercevrait-on, trois après le prétendu test, qu'il s'agirait-là encore d'un grand jet de poudre aux yeux du monde ? Il était temps de s'en inquiéter... Surtout qu'il apparaît que certains commencent à céder à la panique et à la paranoïa : la chaîne japonaise NHK a annoncé ainsi qu'un second test nucléaire aurait été réalisé aujourd'hui par la Corée du Nord, sur la base de ce qui s'est révélé être une secousse sismique. Cette information a bien entendu été démentie.


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  •       Dans un communiqué du 10 septembre, l'agence de presse nord-coréenne KCNA publie un rapport sur le test nucléaire auquel la Corée du Nord a procédé le 9 octobre 2006, provoquant un tollé au sein de la société internationale. Le communiqué affirme ainsi que l'essai a été mené à son terme avec succès, dans de bonnes conditions de sécurité, pendant que le peuple fêtait l'avènement d'un grande puissance socialiste. Les scientifiques ont réaffirmé qu'aucune émission radioactive dangereuse n'a été constaté durant l'essai. KCNA rajoute que ce test a pu être réalisé avec uniquement « la sagesse locale » et la technologie. Il s'agit d'un évènement important dans l'Histoire du pays qui a vraiment encouragé et contenté le peuple qui a toujours souhaité que le pays se dote de sa propre capacité de défense. Le communiqué conclut enfin que ce tournant contribuera à défendre la paix et la stabilité sur la péninsule coréenne et aux alentours... contre les USA ?


             Qu'en est-il de la réponse que la communauté internationale donnera au comportement de l'Etat voyou ? Rappelons que l'ONU a appelé le 6 octobre la Corée du Nord à renoncer à cet essai. Les USA ont proposé un projet de résolution au Conseil de sécurité des Nations Unies, examiné depuis lundi, et proposant des sanctions à l'encontre de la Corée du Nord, qui pourrait intervenir avant la fin de la semaine selon certains diplomates. Les USA cherchent et attendent « une réponse rapide ».

             Une impression de déjà-vu ? Ne se croirait-on pas de retour au 4 juillet 2006 ? Tout laisse à penser que oui. L'ensemble de la société internationale s'accorde sur le fait de condamner l'essai nucléaire nord-coréen et d'y apporter une réponse ferme, mais elle se divise sur la question du contenu de la réponse. 


             Que contient le projet de résolution américain ? Comme le projet du mois de juillet, il propose des sanctions bien entendu, en particulier l'inspection de tous les navires entrant ou quittant les ports nord-coréens, le gel de tout transfert ou développement d'armes de destruction massive, etc. Le Japon soutient d'ores et déjà des amendements allant plus loin dans les sanctions, comme par exemple la fermeture pure et simple de tous les ports et aéroports aux navires et avions nord-coréens si ceux-ci étaient chargés de matériel en rapport avec des missiles nucléaires ou balistiques.


             Toutes les solutions sont envisagées, même l'intervention militaire, bien que le porte-parole du gouvernement japonais ait précisé qu'il ne s'agissait que d'une solution parmi tant d'autres, et qu'aucune possibilité n'était pour le moment écartée – le ministre des finances japonais a ajouté que le Japon pourrait envisager de renforcer les sanctions financières déjà prises depuis la fin du mois de septembre. C'est sur la question du recours à la force qui fait actuellement le plus débat, comme elle l'a été lors des pourparlers pour l'adoption de la résolution du 15 juillet dernier. Restant sur les mêmes positions, Pékin et Moscou demeurent prudents sur ce point.


             La Chine a ainsi précisé à la Corée du Nord que le test auquel elle s'est livrée lundi dernier menaçait leurs relations mais prône cependant une résolution diplomatique à la crise – devons-nous encore rappeler le bide de la délégation chinoise envoyée à Pyonyang en juillet ? – et a soutenu que « le temps n'est pas à la punition, et encore moins à l'action militaire ». Il faut discuter d'une vision à long terme, et en particulier du processus de dénucléarisation de la péninsule. Selon, le ministre chinois des affaires étrangères, le Conseil de sécurité ne considère pas pour le moment d'action militaire (A quel saint se vouer ? Japonais ou Chinois ?)


             Maintenant toujours une position consensuelle, la Russie a, à l'instar de la Chine, indiqué sa volonté d'une résolution diplomatique de la crise, à l'occasion d'une conférence avec le ministre russe des affaires étrangères et certains de ses homologues étrangers.


             Il ressortirait cependant de la réunion d'urgence du Conseil de Sécurité de l'ONU que l'ensemble des membres s'entendent sur la condamnation de l'essai nucléaire et l'apport d'une réponse ferme et claire.


             De son côté, la Corée du Nord s'est dite prête à abandonner son programme nucléaire... si les Etats-Unis prenaient des mesures en conséquence – un vœu qui semble bien pieux. Elle espère que la situation sera rapidement résolue, sans quoi elle pourrait malencontreusement tirer un missile nucléaire...


             On ne sait plus vraiment que penser de tout cela. Test nucléaire réussi, mais peut-on avoir des certitudes là-dessus ? Tir d'un missile nucléaire ? Les services de renseignements sud-coréens affirment qu'ils n'ont pour le moment pas remarqué d'activité pouvant faire penser à la préparation d'un tel tir (Ouf). De plus, pourra-t-on espérer que la société internationale sera enfin capable d'apporter une réponse appropriée à la crise – si une telle solution existe. Rappelons-nous que suite au tir de sept missiles balistiques le 4 juillet dernier, les membres du Conseil de sécurité s'étaient accordés pour une réponse ferme... pour finalement arriver à une résolution, qui après de nombreuses tractations, a été vidée de toute force. La situation actuelle au Conseil de sécurité prend la même tournure qu'en juillet. Attendons de voir si la communauté internationale saura enfin faire bloc devant la Corée du Nord.


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  •     La Corée du Nord a annoncé aujourd'hui qu'elle avait procédé lundi au test nucléaire annoncé le 3 octobre dernier (voir le billet Le salaire de la peur). Il s'agirait d'un test souterrain, ce qui confirmerait alors les soupçons des services secrets américains et sud-coréens qui avaient remarqué la construction de tunnels près du Mont Mumyeaong en Corée du Nord (voir le billet Inquiétantes activités ?). Ce test aurait ainsi eu lieu trois jours après la demande de l'ONU de renoncer à cet essai, réussi selon le gouvernement nord-coréen.


         Une réunion d'urgence s'est tenue au Conseil de sécurité de l'ONU, sous la présidence du Japon. Il en est ressorti une ferme condamnation de l'attitude nord-coréenne et l'ordre de ne plus procéder à d'autres tests. Un projet de résolution soutenu par les USA a été examiné cet après-midi, pour imposer des sanctions, en faisant notamment appel au Chapitre VII de la charte des Nations unies prévoyant le recours à la force -rappelons que ce même chapitre avait fait débat au mois de juillet 2006 lors de la discussion pour l'adoption de la résolution du 15 juillet. Sa référence avait été abandonné à la demande notamment de la Chine qui prônait une solution consensuelle.


        Il semble à présent que la Corée du Nord ait été abandonnée par tous ses alliés. La Chine (qui avait refusé la possibilité d'un recours à la force en juillet dernier) et la Russie ont, à l'instar de la société internationale, condamné fermement l'essai nucléaire et l'ont qualifié "d'inacceptable". Les USA, à l'origine du projet de résolution actuellement examiné par le Conseil de sécurité en ce moment, ont cependant fait savoir qu'ils ne fermaient pas la voie diplomatique.


        Il s'agira ici d'un premier grand test pour Ban Ki-Moon, chef de la diplomatie sud-coréenne et récemment appelé à devenir le prochain secrétaire général des Nations Unis, succédant à Kofi Annan qui quittera ses fonctions le 1er janvier 2007. M. Ban aura encore ici une occasion de démontrer ses compétences dans la volonté de concilier les différents puissances mondiales dans la crise nord-coréenne, ainsi qu'il l'a toujours fait en tant que chef de la diplomatie sud-coréenne. Dans une conférence de presse du 9 octobre, M. Ban a annoncé que la décision de nomination du Conseil de sécurité était un honneur pour lui. "Cela devrait être un moment de joie, mais à l'inverse, mon coeur est très lourd" affirma-t-il en faisant allusion à la transgression nord-coréenne.


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