• Une question des plus délicates... En effet, comment faire un état des lieux des droits de l'homme, notion qui requiert par essence une grande transparence, dans un pays parmi les plus opaques du monde contemporain ? Les autorités nord-coréennes ont toujours refusé d'accueillir les organismes d'observation des droits de l'Homme tels que les Nations unies ou Amnesty International.

    Le rapport sur la situation des droits de l'Homme en Corée du Nord se constitue ainsi principalement à partir de recoupements entre différents témoignages, principalement ceux des réfugiés et des quelques rares organisations humanitaires présente dans le pays. Mais là encore, l'accès à l'information est particulièrement restreint, le gouvernement ne faisant voir ou circuler que ce qu'il désire faire savoir, tant aux yeux des citoyens que des acteurs humanitaires. La difficulté réside ainsi dans la prise de recul nécessaire pour le traitement de ces informations. Le constat n'en demeure pas pour le moins alarmant cependant Et cela sur différents niveaux.

    La question alimentaire en premier lieu reste un point central puisque l'on estime que 12 % de la population aurait souffert de la faim. Mais ne serait-ce là que la face visible de l'iceberg ? La Corée du Nord a subi plusieurs périodes de famine ces dernières années, causées par quelques catastrophes naturelles et des mauvaises récoltes selon les autorités. Il faut rappeler par ailleurs que la Corée du Nord est le pays qui bénéficie de la plus importante aide alimentaire dans le monde, dont une part substantielle provient du Programme Alimentaire Mondial mis en place par l'ONU. Malgré cela, les acteurs humanitaires pensent qu'une grande partie de cette aide destinée à la population serait détournée au profit de l'armée (un million de soldats). En effet, l'accès très restreint à la population accordée aux organisations humanitaires ne permet pas à ces dernières de vérifier totalement la distribution de la nourriture.

    Au-delà de la crise alimentaire, les sujets à débat en matière de respect des droits de l'Homme sont multiples. Si l'idéologie marxiste extrême et la Constitution du pays semblent relativement respectueuses des libertés – égalité entre les citoyens, égalités entre les sexes entre autres – , les motifs de récrimination ne manquent pas.

    Si l'on prend l'exemple de l'égalité entre les citoyens, celles-ci n'est qu'illusoire puisqu'il existerait un classement en trois catégories, allant des proches du parti aux personnes hostiles, ces dernières étant vouées aux « camps de rééducation par le travail ». Mais là encore, aucune certitude puisque officiellement, ces camps et ces catégories n'existent pas...

    Autre question récurrente : la liberté d'expression et le droit à l'information. Dans le pays le plus fermé du monde, l'information ne circule pas. En effet, la population n'a pas accès à l'Internet et ne dispose que d'un accès très limité à la radio et la télévision (des scellés, régulièrement contrôlés par les autorités, bloquent les postes sur les fréquences officielles).L'absence de circulation d'information est renforcée par la fait que les citoyens ne sont pas autorisés à voyager. A l'étranger bien entendu, à quelques rares exceptions près, mais aussi dans le territoire. Le tourisme embryonnaire et l'absence de contact des populations avec des étrangers viennent compléter ce système d'embargo sur l'information, qui selon les personnes ayant fait défection, constitue une des principales causes de la survie du régime.

    La liberté d'expression est inexistante par ailleurs, et quiconque en fait usage dans un sens contraire à la volonté du régime s'expose à des représailles, pour lui-même ou sa famille. Selon le dernier rapport de Reporters Sans Frontières, la Corée du Nord se place au 1er rang mondial des pays les moins respectueux de la liberté de la presse. Pour l'exemple, il n'existe en Corée du Nord qu'une seule agence de presse, contrôlée bien sûr par le gouvernement, l'agence KCNA.

    Enfin, la question des emprisonnements et exécutions arbitraires, qui a rebondi assez récemment. En effet, la Corée du Nord s'était engagée en 2003 à ne plus procéder à des exécutions publiques. De récents rapports ont cependant signalé une reprise de telles pratiques. Il en est de même pour les emprisonnements arbitraires, dans des conditions décrites souvent comme inhumaines. Des actes qui peuvent paraître anodins en France, comme posséder un DVD, sont susceptibles de conduire son auteur, et souvent sa famille, dans un camp de rééducation par le travail, même si ces camps n'existent pas officiellement. On estimerait à 200 000 aujourd'hui le nombre de travailleurs forcés en Corée du Nord, si l'on ne tient pas compte du fait que chaque citoyen se doit d'effectuer au moins un jour par semaine un travail d'intérêt général, aux champs.

    (Source : www.amnesty.fr )

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  •     Lu sur KCNA (agence de presse officielle nord-coréenne) : pour la 61ème session de l'Assemblée générale des Nations Unies, le réprésentant de la Corée du Nord a fait part de bien belles volontés. Il faut prendre des mesures substantielles aussi tôt que possible pour éradiquer la pauvreté et promouvoir le développement. Selon son discours, les pays industrialisés devraient aider les pays en voie de développement selon un calendrier spéciaifique, notamment en tenant les promesses d'aides déjà faites. Les politiques des pays en voies de développement doivent aboutir à leur indépendance économique entre autres.


        Les agressions de toutes sortes comme les sanctions économiques envers des Etats souverains sous le prétexte de combattre le terrorisme sont  monnaie courante semble-t-il.


         Le gouvernement nord-coréen soutiendra comme jamais la coopération au sein de la communauté internationale pour réaliser ce que le représentant nomme "l'objectif de développement du Millénaire". Nous savions déjà tous que la Corée du Nord était le moteur de toutes les initiatives d'entraide internationale... Ce que ne dit pas le réprésentant nord-coréen, c'est s'il place son pays parmi les assistants ou les assistés...


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  •     Pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? La Corée du Nord avait déjà condamné officiellement la conduite d'Israël en Liban, soutenue par les USA (voir le billet La Corée du Nord a des états d'âme). Elle en remet une couche : un communiqué de l'agence KCNA rapporte que le délégué nord-coréen au Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies -on peut se rassurer en constatant que la Corée du Nord n'y siège pas (rappelons cependant que des pays peu respectueux des droits de l'Homme y ont tout-de-même été élus...)- a condamné au nom du gouvernement les actions commises en violation des droits de l'Homme par Israël au Liban ces dernières semaines. L'ensemble de la délégation nord-coréenne a exprimé devant le Conseil a ainsi violemment dénoncé les exactions et les graves abus.


        Comme tout le monde le sait, la Corée du Nord est un modèle en matière de droits de l'Homme et des libertés fondamentales. Les citoyens y jouissent d'une liberté de mouvement et d'expression totale et on ne se gène pas pour critiquer ouvertement le régime, qui reçoit de bonne volonté toutes suggestions... Au-delà du portrait idyllique qui vient d'être dressé de la Corée du Nord (Ne vous méprenez, on doit rester conscient que cela n'existe pas, même en France), il y a là un véritable problème qui se pose lorsque l'on évoque les droits de l'Homme en Corée du Nord. Ceux-ci ne sont pas simplement limités comme dans beaucoup de pays, ils sont purement et simplement inexistants. Ce qui n'empêche pas le gouvernement de critiquer alègrement un peu tout le monde sur sa façon d'aborder une telle question. Elle s'était d'ailleurs permis, peut-être à juste titre, de montrer du doigt la Corée du Sud, qui rappelons-le est encore souvent rappelée à l'ordre par la communauté internationale en la matière.


        Peut-on réellement blâmer la Corée du Nord de dénoncer des problèmes existants ? Non, certainement pas. Le fond est bon, mais l'intention quant à elle, n'est pas la bonne. On reproche  souvent à la France de voire la paille dans l'oeil de ses voisins et de ne pas voir la poutre qui est dans le sien. La leçon devrait être faite aussi à la Corée du Nord.


       Un billet plus complet sur la situation des droits de l'Homme en Corée du Nord sera prochainement mis en ligne.


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  • (photographie : Clive Bunskill/Allsport)


       Une image un peu ancienne certes, mais toujours aussi forte. Souvenez-vous, c'était le 15 septembre 2000, à Sydney en Australie. Cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques d'été, défilé des délégations.


       Les athlètes des deux Corées, Nord et Sud, défilèrent sous le même drapeau, représentant la péninsule coréenne en bleu sur fond blanc. Ce drapeau était porté par un athlète nord-coréen et un athlète sud-coréen, main dans la main. L'ensemble des athlètes du nord et du sud t les deux porte-drapeau défilaient eux aussi main dans la main. Le symbole a été tellement fort que le public du stade s'est levé pour saluer leur passage. 


       Voici un symbole qui montre bien que la bonne volonté peut permettre d'obtenir quelques résultats, aussi minces soient-ils. Ce défilé conjoint est l'aboutissement d'un réchauffement des relations entre Nord et Sud qui s'est en particulier concrétisé par une rencontre historique entre le président sud-coréen et Kim Jong-Il en l'An 2000. Même si cela n'est qu'un grain de sable dans le désert, le message qui en est ressorti était extrêmement puissant et le public ne s'y est d'ailleurs pas trompé. A l'époque, il avait même été question de n'envoyer qu'une seule délégation pour les deux Corées aux Jeux Olympiques suivants. Mais une telle initiative ne doit certainement plus être à l'ordre du jour.


       Il serait intéressant de savoir comment les athlètes coréens, du Nord ou du Sud, qui ont participé à ce défilé ont vécu cette réconciliation d'un soir. 


       La question de la réunification, même si elle est toujours abordée avec précaution, n'est jamais hors de la table, en particulier pour les Nord-coréens. En effet, la position du Sud sur une éventuelle réunification "à l'Allemande" est plus réservée car, au-delà des considérations philosophiques voulant qu'un même peuple ne vive pas séparé, la Corée du Sud est consciente qu'elle n'a pas les épaules pour financer un tel évènement. Principalement deux raisons à cela. D'abord, même si la Corée du Sud connaît un développement économique exponantielle, et espérons-le durable, les acquis engendrés par ce développement semblent encore fragiles et loin d'être inébranlables. En second lieu, le retard économique de la Corée du Nord est bien trop monumental. Aussi, une réunification n'est pas envisageable aujourd'hui en Corée du Sud, et le gouvernement essaie de maintenir un régime dont l'implosion aurait des conséquences funestes pour les deux camps. 


       Aussi, quand le gouvernement nord-coréen accuse son homologue du Sud de faire preuve de mauvaise volonté sur la question de la réunification, peut-être n'a-t-il pas tout-à-fait tort. Il semble de son côté considérer que la réunification serait bénéfique. Mais en y regardant de plus près, on peut se dire qu'il ne s'agit encore que d'une entourloupe de plus, pour montrer une bonne volonté feinte à la communauté internationale et abuser, une fois de plus, le peuple nord-coréen.


       On peut imaginer que le gouvernement nord-coréen, même s'il peut paraître aveuglé par son fanatisme, n'est pas encore totalement idiot et qu'il est conscient de l'impossibilité d'une réunification.


        En effet, sur la question économique d'abord : une réunification devrait se faire dans l'idéal communiste de la Corée du Nord. Imagine-t-on un pays comme la Corée du Sud, presque modèle du capitalisme, revenir à une économie archaïque comme l'est celle de Corée du Nord ? D'autant plus que cette dernière refuse catégoriquement l'intégration d'éléments d'économie de marché, malgré le désastre économique qui règne. 


       Ensuite, même si la Corée du Sud n'est pas ce que l'on appeler un modèle en matière de droits de l'Homme et de libertés fondamentales, le fossé demeure large et infranchissable avec sa soeur du Nord.


       Par ailleurs, le régime nord-coréen est entretenu par différentes puissances qui ne souhaitent pas voir sa chute arriver. La Corée du Sud -comme nous l'avons vu plus haut-, mais aussi la Chine. Ces deux pays ne tiennent sûrement pas à voir arriver des milliers de réfugiés affamés. La Chine d'ailleurs mène une politique sévère envers ces derniers, qui sont renvoyés directement à une mort certaine, sans autre forme de procès.


       Enfin, une des raisons majeures avec la question économique se trouve dans le lien étroit qui existe entre les USA et la Corée du Sud, depuis la fin de la guerre de Corée. Il semble totalement inenvisageable que la Corée du Nord accepte une réunification sur laquelle plane le spectre des Etats-Unis -cela dit, est-il possible aujourd'hui d'envisager quelconques affaires dans lesquelles les Etats-Unis ne mettraient pas le nez ?- et elle préconise une "réunification indépendante". 


        Il se pourrait donc qu'en réalité, le gouvernement nord-coréen ne travaille absolument à une réunification. Mais alors, pourquoi une telle propagande sur le sujet ? Explication possible : le gouvernement se doit de montrer le rayonnement du pays et du système à un peuple qui pourrait bien en avoir rapidement assez. L'éducation passe par là et les élèves nord-coréens sont persuadés -ou pour le moins ont-ils l'obligation de montrer qu'ils le sont- que la pensée du Cher Leader fait des émules dans le monde entier et que le système de leur pays est l'exemple suivi par tout un monde. Pourquoi alors vouloir renverser un régime que tout le monde envie ? Il doit forcément être excellent -même si je n'ai rien dans mon assiette ce soir.


       L'agence KCNA rapporte ainsi très souvent les nombreux meetings en faveur d'une réunification indépendante des deux Corées, comme dans un communiqué du 18 août, relatant une conférence qui aurait réuni 13 000 personnes en Corée du Sud. Mais comment pouvons-nous voir les résultats de ces réunions ? Ils ont été plutôt discrets jusqu' à aujourd'hui. Et ils le resteront certainement longtemps pour les camarades nord-coréens qui ne doivent certainement pas être au courant de considérations politiques différentes de la ligne du régime.


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  •    La vieille Europe n'est finalement pas la seule à vivre dans son passé : la Corée du Nord semble être une spécialiste des célébrations et commémorations en tout genre. Quoi de plus normal après tout lorsque l'on considère que seul son passé peut être regardé par l'extérieur comme reluisant. Nous pensons par là à la libération du pays de l'envahisseur japonais... dont le soixante-et-unième anniversaire est célébré en ce moment en Corée du Nord. La tradition voudrait que les amis souhaitent un bon anniversaires à la Corée du Nord. Mais en fait, il semble que ce soit la Corée du Nord qui se souhaite elle-même un bon anniversaire, cela en envoyant des voeux aux quelques derniers alliés qui lui restent en ce monde, la Russie en particulier. Ainsi, l'agence KCNA reproduit dans un communiqué du 16 août les voeux envoyés à Vladimir Poutine par Kim Jong-Il à l'occasion de cet anniversaire. Une façon de faire profil bas devant la Russie après la crise nucléaire de juillet ? Probablement pas. Peut-être juste un moyen de se réassurer du soutien russe...

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